Le deuil et la maladie,comment gère t'on les deux?

20:30 Vanessa 0 Comments


"Tu n'es plus là où tu étais,mais tu es partout là où je suis"


Je voulais tout d'abord écrire un article en écho avec celui d'avant, mais je vais laisser encore un peu de temps n'ayant pas eu encore assez de réponses (vous avez bien des anecdotes quand même? :)).

ça va certes, commencer par un songe en introduction mais je vais essayer d'expliquer comment on arrive (ou pas) à gérer plusieurs choses impactant sur notre vie.


LE DEUIL

 

Chose invisible qui te colle à la peau

 

 

J'ai rêvé que j'étais avec elles au bord d'un magnifique lac,des poissons valsaient à la surface de l'eau et quelques mouettes voulaient les attraper. L’atmosphère était paisible, et je voulais prendre la scène en photo...mais j'étais en bout de pellicule et devait tout remettre à zéro pour en prendre de nouvelles.

Effacer l'ancien pour permettre au nouveau de prendre place?

Comme à chaque fois, je me réveille pas très bien...parce que je sais pertinemment que la route du "dernier" deuil que je dois encore faire sera sinueuse et encore un peu longue, à en juger le palier que je traverse en ce moment.Parce-que non, je n'ai pas encore accepté la mort de ma 2ème mère pour l'instant.

LA MALADIE

 

Chose visible sur toi et invisible qui vit dans ton corps


J'y pense souvent en fait...et suis très sévère avec moi-même.Comme pour le deuil,il y'a des idées que je refuse catégoriquement de laisser rentrer dans ma tête. Comme pour le deuil,il y'a des "cap" a passer. Ce qui vit méchamment à l'intérieur de moi je l'ai accepté,puis on a pas vraiment le luxe du choix. 
Cette maladie c'est des montagnes russes. Sans cesse entrain d'ajuster les molécules, les tester...ça va un temps puis il faut changer de protocole de nouveau.

Le traitement est trop fort? Sueurs, nausées, amnésie rétrograde légère, perte d'équilibre, trouble de la vision mais au moins aucune douleur osseuse, on bouge bien.

Mais je vous avoue qu'au quotidien c'est vachement dur et loin d'être pratique. Alors on ajuste.

Le traitement est trop faible? Douleurs osseuses violentes et fatigue généralisée...mais au moins pas trop d'effet secondaires.

Trouver un équilibre satisfaisant, ça fait longtemps qu'on m'a dit qu'on ne pouvait pas traverser un cancer sans ne rien sentir.Donc pas d'équilibre parfait, le corps est un petit rebelle. 


JOINDRE LES DEUX

 

Jongler entre le visible est l'invisible

 

Forcément,s'il n'y avait pas maladie, le deuil serait peut-être mieux géré. Et si deuil il n'y avait pas, mon esprit serait peut-être moins encombré par la douleur.On dit toujours, un cancer c'est 50/50...Mais je fais quoi quand ces 50 ne sont pas suffisants? La partie physique je peux pas l’amoindrir donc j'essaie de compartimenter.Un process super complexe...car compartimenter,je ne sais pas faire donc l'équation est simple dans mon cas, c'est 50/25.

Alors je me tais,je fais l’Hermite (souvent), je reste pudique sur mon état actuel...et puis quand c'est trop,les barrières lâchent. Et je reconstruit et ça relâche...etc,etc.

Ne vaudrait-il pas mieux que je parle régulièrement alors? Oui, mais Rome ne s'est pas construite en un jour. J'ai des oreilles en qui j'ai une extrême confiance(qui ne comptent que sur le doigt d'une main atrophiée) et j'en mesure la chance. 
Mais "chat échaudé craint l'eau froide": Pour ceux qui viennent d'arriver, on en est arrivé a dire que je faisait semblant d'avoir un cancer. Vous imaginez un peu les répercussions psychologiques? Oh oui...vous devez surement bien les imaginer. J'ai eu des excuses, mais cette minorité qui n'a rien fait,rien dit où pire encore, suivi le mouvement, je n'ai plus aucun respect pour eux.(mais ils le savent depuis un bail)

Et cela s'est confirmé quand j'ai dû reprendre le travail sur une courte durée...j'avais juste l'impression d’être"la chose".Comme en cours de récrée et qu'on se moque du petit rondouillard du fond de la cour. Ce rondouillard là s'en souviendra toute sa vie... et là vous voyez réellement  qui sont les gens et comment ça peut aider a détruire une partie de votre image,de votre être. C'est pour cela et pour d'autres raisons que le mental doit être en béton armé.Dur dur quand on doit se cogner un deuil en plus et toutes les petites choses du quotidien qui sont pas super top moumoutes.

Un jour, mon oncologue m'a demandé (avec toute la froideur d'un oncologue ;)) :"mais comment vous vous organisez dans votre vie et votre tête avec tout ça?"
(blanc) (tu crois que j'ai le choix,je fais,comme un robot et j'évite de penser)

"ah,mais oui, je crois que ça s'appelle être courageuse,non?"
Et mon entourage très intime l'est tout autant que moi. Nous avons besoin,en tant que malade, de force...et la force extérieur est importante. Sans vous, ce serait encore plus compliqué...alors des fois la jauge repasse à 50/50.

Mais je suis claire avec moi-même, ma stabilité intérieure je ne la trouverai que quand tout ça,y compris mes fantômes, seront derrière moi...en attendant j'écris pour moi,un peu pour vous, je m'accroche et je regarde le train passer(parfois).

Alors non, on ne gère pas à la baguette et il n'y'a pas de recette miracle....mais tant pis, tant qu'on a nos deux jambes, on avance.
 

 

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